Solutions contre la cercosporiose: des nouveautés chez SESVanderHave
Par Maarten Vanderstukken, Responsable sélection cercosporiose SESVanderHave. et par Jan Sels, Sélectionneur en charge de la France.
Alors que l’été 2019 a été plutôt calme en France en terme de cercosporiose, il ne faut pas oublier ce caractère important lors de votre futur choix variétal. SESVanderHave consacre d’importants moyens de recherche sur cette maladie ; nos références sur ce critère ont confirmé leur bon comportement cette année et des nouveautés encore plus performantes sont disponibles pour vos semis 2020.
Comment fonctionne la résistance génétique ?
Maarten VANDERSTUKKEN : La résistance à la cercosporiose est quantitative et polygénique : elle est contrôlée par plusieurs gènes et plus le nombre de ces gènes est important, plus la résistance est forte. C’est pourquoi, nous parlons de différents niveaux de résistance lorsque nous développons de nouvelles variétés : faible, moyen et fort. Des études sont en cours pour comprendre plus précisément les processus mis en place par la plante pour résister, ces mécanismes entraînant un développement moins rapide de la maladie. Il est important de comprendre que même dans les hybrides tolérants, l’immunité totale n’existe pas.
Quels outils avez-vous à votre disposition ?
Maarten VANDERSTUKKEN : Nous travaillons avec 3 grands types d’outils. Les marqueurs moléculaires que nous avons développés nous permettent d’avoir une information très rapide sur la présence ou non des gènes d’intérêt ciblés (dans le cas présent, la cercosporiose). Ensuite, les investissements réalisés au SESVanderHave Innovation Center (SVIC) il y a 3 ans nous ont permis de considérablement augmenter notre capacité de bioessais. Grâce aux conditions contrôlées de chacun des compartiments de nos serres, nous sommes capables de tester le comportement de nos génétiques face à la cercosporiose. En parallèle, nos génétiques élite sont également évaluées au champ où nous inoculons la maladie et étudions leur réaction. Les observations y sont réalisées soit par nos techniciens mais aussi grâce au drone.
Que pensez-vous des progrès de la sélection ?
Jan SELS : Le programme de sélection sur la cercosporiose s’est intensifié depuis une dizaine d’années pour faire face à la demande grandissante. Nous voyons maintenant les fruits de nos recherches dans plusieurs pays. Pour la France, nous avons pu proposer à l’inscription un nombre plus important de variétés tolérantes à la cercosporiose. En 4 ans, le pourcentage de variétés tolérantes à la cercosporiose au CTPS
est passé de moins de 10% à plus de 40% (figure 1). Ainsi dans les essais de post-inscription ITB-SAS, nous observons un réel progrès sur la note de tolérance des variétés les plus performantes (figure 2).
Pour les semis 2020, quel est votre conseil ?
Jan SELS : Nous avons développé ces dernières années des variétés avec un niveau de résistance intéressant. Dans des cas où une pression moyenne a déjà été observée ces dernières années, je conseille aux agriculteurs touchés de se tourner vers des variétés à résistance moyenne et montrant un grand potentiel de productivité : c’est le cas de CHAMOIS ou LIBELLULE chez SESVanderHave. Pour les parcelles plus touchées (rotation courte, épandage, proximité d’anciens foyers,…) SESVanderHave propose les variétés AUCKLAND et CASTOR qui sont dotées d’une double résistance à la cercosporiose (résistance élevée à la fois chez le parent mâle et femelle). Elles correspondent tout à fait aux zones de forte pression telles qu’il peut exister en Alsace. Pour les planteurs également touchés par le nématode, il faut s’orienter sur EUCALYPTUS ou MYRTILLE (qui bénéficie en plus d’une tolérance à l’oïdium). Et pour ceux touchés par le rhizoctone brun, je recommande RAINETTE. Il faut bien entendu garder en tête que la résistance variétale doit être accompagnée d’un programme d’interventions phytosanitaires adéquat.